C'est sur la performance artistique d'une jeune étudiante polynésienne que RAW TAHITI porte son regard aujourd'hui. Orama Nigou, diplômée du Centre des Métiers d'Art de Polynésie, poursuit actuellement ses études en France dans la Creuse près de Limoges et nous invite dans un rituel introspectif à la lueurs des bougies.
Orama n'a que 21 ans mais sa démarche artistique témoigne d'une maturité indiscutable. Elle ne se contente pas d'exprimer sa créativité dans le seul domaine de ses études, le Design Textile, mais privilégie une approche pluridisciplinaire en étendant ses pratiques à la peinture, la vidéo, la photo...
C'est une Performance artistique originale à laquelle nous invite aujourd'hui Orama avec pour thématique imposée dans le cadre de sa formation en “Expression artistique” : le Feu . Surtout, Orama a dû réinterpréter son projet initial - qui devait être mis en oeuvre face à un public - afin de l'adapter aux contraintes du confinement . Avec un titre de choix comme une invocation à la puissance de l'élément “A PARAU TE 'AHI” , le résultat est tout simplement fascinant.
Du confinement à la créativité
La performance est visible via 2 vidéos sur youtube . Celle qui selon nous transcende le projet est la vue en plongée, visible en fin d'article, car elle ancre définitivement l'oeuvre dans sa dimension cérémonielle, spirituelle, connectée. Mais l'artiste, qui se définit elle-même comme "perfectionniste obsessionnelle," aurait souhaité offrir plusieurs angles de vue, ce que le confinement n'a pas permis outre les petites aléas techniques. Pour autant, la jeune fille conclut qu'il "ne s'agit finalement que de détails". Et c'est vrai. Même si “le confinement m'a frustrée au début parce que j'envisageais d'aborder le sujet de manière plus large , je suis finalement très satisfaite du rendu, focalisé sur le contexte cérémonial du feu".
L'oeuvre : "A PARAU TE 'AHI ou vie et mort du feu"
Orama nous emmène dans un univers intime, introspectif , presque immobile et réalise sa performance à la lueur des bougies. D'abord, la tenue et la gestuelle épurée empruntent subtilement au Ori Tahiti (Danse polynésienne) . “Oui cela a nécessité une préparation physique ; je me sentais suffisamment à l'aise avec le vecteur de la danse car j'ai longtemps dansé à Tahiti, ce que je ne peux plus trop faire depuis que je suis ici” : Orama admet que la pratique lui a permis de garder le cap et de ne pas craquer en ce temps de confinement
Le deuxième élément associé au feu dans cette performance est le Monoi,“très inflammable au demeurant” précise Orama. L'huile précieuse polynésienne y a sa place pour oindre le corps, associée au Auti. La plante sacrée des cérémonies polynésiennes est intégrée au tableau vivant de manière originale : “En fait, j'ai été inspirée par la cérémonie du Umu Ti que j'ai revisitée pour en faire mon propre rituel. Il était question au départ d'utiliser le Auti vert ...” (Lors de la cérémonie de la "marche sur le feu" en effet, les longues feuilles viennent balayer les pierres incandescentes pour les purifier de toutes énergies négatives avant qu'elles ne soient foulées par les pèlerins.NDLR) Si le temps du confinement a eu raison de la fraicheur des feuilles, cela n'a pas empêché Orama de redoubler de créativité et de se réapproprier ici encore l'utilisation de la plante : elle la brule pour l'utiliser comme de l'encens ou une poudre magique dont elle se couvre la paume des mains au début du rituel ; en toile de fond pour marier le tout, le rythme d'une musique entêtante, répétitive... hypnotique : Dream, Moemoea signé SEFA.
"Lorsque je rencontre des artistes, je suis généralement plus fascinée par le processus de création que par l'oeuvre d'art finale elle-même."
On peut ainsi mieux connaître la démarche de l'artiste et l'étude qui a précédé le rendu final en se rendant sur ses réseaux sociaux. A voir et à partager, ou simplement à diffuser sur son écran pour un moment de recueillement ou de méditation.
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